Présentation de la thèse d’agrégation (PhD) du Dr Mulangu Sabwe à l’université de Kinshasa le vendredi 11 mars 2016.

EPIDEMIOLOGY, ECOLOGY AND IMMUNOLOGY OF EBOLA VIRUS IN THE CONGO BASIN

Par Jean Christophe Mulangu Sabue

MD, DTMH and Medical Microbiologist

Promoteur : Prof Dr. Jean Jacques Muyembe-Tamfum

Co-promoteur : Prof. Dr Matthias Borchert, Prof Dr Steve Ahuka


Résumé de la thèse

Bien qu’il ait quarante ans depuis que le virus Ebola (EBOV) a été découvert pour la première fois en République démocratique du Congo (RDC), les connaissances détaillées sur l’épidémiologie et l’écologie du virus restent encore limitées. Ce qui empêche la mise en oeuvre d’interventions adéquates de santé publique. Pour mieux comprendre la transmission zoonotique du virus Ebola à l’homme, nous avons conçu un projet de recherche visant à identifier les populations à risque d’infection au virus Ebola parmi les espèces humaines et animales dans le bassin du Congo. Nous avons mené une étude de séroprévalence Ebola dans une population sélective, les pygmées Efe, vivant à Watsa, dans l’Est de la République démocratique du Congo. Nous avons trouvé une prévalence des anticorps anti-EBOV IgG de 18,7% dans l’ensemble, constituant ainsi l’une des prévalences d’EBOV jamais rapportée. La prévalence anti-EBOV IgG augmentait de manière significative avec le groupe d’âge (p = 0,023). En plus des études dans les populations humaines, nous avons cherché à déterminer la prévalence des anticorps Ebola chez les espèces animales afin de documenter une exposition antérieure au virus Ebola et d’évaluer un possible rôle comme hôte intermédiaire ou réservoir. Compte tenu des limites des tests de
dépistage disponibles utilisant des échantillons de sang des animaux ou des nécropsies, nous avons développé un test immunologique non-invasive pour détecter les anticorps anti-EBOV dans les matières fécales de grands singes. Nous avons pu identifier, pour la première fois, des gorilles avec des anticorps fécaux anti-EBOV démontrant que l’exposition ou l’infection au virus Ebola n’est pas constamment létale chez cette espèce. Nous préconisons l’utilisation de cet outil dans une stratégie globale visant à améliorer la prévention des épidémies de la maladie à virus Ebola
(EVD) dans les populations humaines.

La vaccination est une intervention importante pour la protection des primates humains et non humains contre les infections virales, y compris le virus Ebola. Le développement et l’homologation d’un vaccin contre le virus Ebola à usage humain présentent plusieurs défis. Un objectif important de recherche sur les vaccins contre virus Ebola est de faire progresser les candidats vaccins capables d’induire une mémoire immunologique à long terme et de fournir une immunité protectrice croisée contre les espèces connues ainsi que des nouvelles espèces d’Ebola. Nous avons
cherché à définir des éléments spécifiques de l’immunité durable chez des survivants humains d’une infection naturelle d’Ebola qui pourraient être pertinents pour obtenir l’homologation d’un vaccin protecteur expérimental. Nous avons donc étudié la persistance et la qualité des réponses immunitaires de lymphocytes T spécifiques au virus Ebola chez deux survivants de l’épidémie de Kikwit, Il ans après la résolution
de leurs symptômes. Nous avons confirmé la persistance à long terme des lymphocytes CD4 et CD8 mémoires spécifiques au virus Ebola, et avons identifié pour la première fois, le phénotype, la fonction et les épitopes associés à la survie de la maladie à virus Ebola. Nous avons aussi évalué si une stratégie de vaccination «prirne-boost » dans le modèle de primates non humain utilisant un vaccin contre une espèce donnée du virus Ebola pourrait protéger contre une espèce différente.
Nous avons constaté que l’immunisation génétique avec des vecteurs exprimant la glycoprotéine du virus Ebola Zaïre peut bloquer l’infection par une espèce nouvelle émergente, Ebola Bundibugyo, non représentée dans le vaccin. La protection est produite en l’absence d’anticorps contre fa seconde espèce et a assurée, par contre, parune réponse immunitaire à médiation cellulaire spécifique.
L’ensemble des données présentées dans cette thèse contribuent à améliorer les connaissances épidémiologique du virus Ebola chez les humains et les primates non humains, proposent une nouvelle approche pour la surveillance du virus Ebola chez les animaux sauvages, démontrent que l’immunité à long terme pour EBOV est réalisable chez les humains et fournissent des pistes de réflexions pour la conception
d’un vaccin à protection croisée.
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