Le Dr J. Mangalaboyi et le Dr D. Tonduangu ont rendu visite au Dr Ilunga qui est le premier Médecin Congolais sorti de Lovanium.


BIOGRAPHIE ABREGEE du Dr Ilunga


1934 Naissance à Ngulungu , ville capitale de Bena Nshimba, sous le chef Kashamba Nomba
de Ilunga Munsense et de Tshiala Kabenjabu.
1943-1946 SCOLARITE PRIMAIRE ( Katanda et Mission Katombe )
Katanda, 1943 et 1944 ) deux années primaires : la deuxième et la troisième primaires .
Admis directement en deuxième année , j’ai passé deux ans à Katanda, ville située à 7kms
de mon village.Beaucoup de difficultés à affronter:la distance,la chaleur, la pluie et
la faim. J’étais comme poussé par un esprit mystique ..
J’ai terminé ma scolarité avec un très grand brio : J’étais premier de classe et premier en
assiduité , avec à la clé beaucoup de cadeaux de la par de la COLOCOTON, société
cotonnière qui sponsorisait l’Ecole.
Mission Catholique Katombe ( 1945 et 1946 ) pour faire la quatrième et la cinquième
primaires.Mission située à 35 kms de mon village.Je suis parti à l’inconnu.
Deux problèmes :le logement et la nourriture. Où loger et comment trouver à manger?
Après de recherches de tshibelu ( le logement ) dans les villages environnants, une maman
m’a enfin accepté chez elle avec comme condition de travailler au champ chaque matin.
Le travail consistait à débroussailler, à sarcler les plantes telles le manioc, patates douces
maïs, etc.
Ala pause de midi à 14 h , je rodais autour des bâtiments de l’école sous les arbres .
Je ramassais parfois des noix de palme . Après l’école le soir , je retournais au village en
courant. Là je trouvais le reste de nourriture déjà froid que la famille m’a réservé à midi.
J’ai changé ainsi de familles d’accueil 4 ou fois pendant ma scolarité à la Mission.
C’est en 1946 que j’ai été enfin baptisé , j’étais enfin délivré du démon : de muena
diabulu, je devenais muena kristu.
En dépit de toutes ces souffrances, j’ai terminé mes études avec brio comme à Katanda.
C’était en décembre 1946.
L’Abbé Tshibangu Joseph, responsable de l’enseignment, m’a orienté vers une école
inconnue jusque-là, mais très difficile, qui allait former des médecins…!
Cette école était située à Mérode, à 65 kms de mon village
1947-1954 SCOLARITE SECONDAIRE ( Mérode et Kamponde )
Mérode : Préparatoire.
Le niveau secondaire qui n’existait pas encore au Congo allait commencer par une année
péparatoire. Cette préparation devait commencer à la Mission Catholique de Mérode,
à environ 65 kms de mon village.
Problème : Transports. Comment aller à Mérode à pieds ?! Décidé et têtu , j’ai quitté seul mon
village pour l’aventure. J’ai traversé la rivière Lubilanji en pirogue . Au passage, j’ai même bu l’eau
de la rivière que je croyait propre. Arrivé à Bakwanga (actuel Mbuji-Mayi ) ) vers 17 h, je me suis
mis à pleurer, car je ne connaissais pas l’adresse de ma tante maternelle .Le hasard a voulu qu’une
maman m’a conduit jusque chez la tante. J’ai repris mon chemin vers Miabi en direction de
Mérode. A Miabi je me suis accroché à un camion qui partait dans la direction. Je considérais cette
fraude comme un péché que j’ai confessé à la Mission.
A la Mission, j’ai trouvé plusieurs autres élèves venus de toute la province du Kasaï. Au total 36.
Les élèves n’avaient pas le même niveau : la majorité avait le niveau de la 5ème primaire.
D’autres avaient déjà fait la 6ème . Quelque-uns venaient de la 1ère année du petit séminaire de
Kabwe.
.A cause de l’absence de cuisine, le Père directeur faisait appel aux femmes des environs de la
Mission qui amenaient le bidia ( fufu ).
L’enseignement de base comprenait le français, les mathématiques, le latin, l’histoire universelle,la
géographie, …..etc..
Dans l’ensemble , le programme était calqué sur celui du petit séminaire de Kabwe Une discipline
rigoureuse .Les élèves devaient se comporter comme ceux du petit séminaire: la messe et la prière
étaient quotidiennes,interdiction d’avoir des contacts avec les filles, même pendant les
vacances.Interdiction aussi de porter des chaussures.La surveillance était totale. Malheur aux
garçons qui avaient dépassé l’âge de la puberté ..Ceux qui commençaient à se gratter et lorgner les
femmes furent renvoyés….
A la fin de l’année de préparation je suis sorti premier de la promotion, malgré mon niveau
initial de la cinquième primaire. Barthélémy Dipumba était 2ème de classe.
Kamponde : Humanités Latines: 1948-1954
Enfin à la Mission de Kamponde les bâtiments et les structures étaient prêts à accueillir les élèves .
L’ouverture du collège a eu lieu en 1948 avec les élèves rescapés de Mérode et ceux de la deuxième
promotion parmi lesquels TSHISEKEDI Etienne…..
La scolarité du collège était programmé pour six ans : 6è,5è,4è, 3è,la poésie et la rhétorique
Le programme du collège comprenait en gros le français, les mathématiques, le latin, l’histoire, la
géographie, la culture générale, les sports,et même le flamand en dernière année.
La discipline était celle de Mérode très stricte. Lever à 5h du matin, suivi de la messe quotidienne,
du petit déjeuner, de l’entrée en classe en rang. Tous, en uniforme fait d’une culotte kaki et d’une
chemise manches courtes. Interdiction stricte de porter des chaussures.A la messe, les pères
obsevaient et notaient les élèves qui ne communiaient pas..
L’approvisionnement alimentaire était difficile, au point que les élèves ont été mis à contribution
en mettant en place un potager et des étangs pour la production de poissons tilapias.
Je me rappelle que je me promenais avec un morceau de poisson salé dans ma poche pour le repas
suivant. Parfois la situation était telle qu’on se contentait du sel et du pilipili pour accompagner le
nshima ( fufu ).
Nos étions 36 au départ, nous sommes sortis 6 . Trente élèves ont, soit échoué soit été renvoyés .
La sélection était stricte .J’ai terminé ce cycle secondaire, en décembre 1953, premier de la classe,
avec la plus grande distinction ( 1428,5 /1750 )
954-1961 UNIVERSITE A LEOPOLDVILLE
Une nouvelle aventure : Ce fut le 15 janvier 1954 que les six bacheliers de Kamponde sont montés
pour leur premier avion à destination de Léopoldville ( Kinshasa ). Quelle émotion ?!
Le contingent était composé de : Ilunga Félicien, Kalanda Auguste, Lutumba Pierre, Tshibangu
André, Nkongolo Vincent et Dipumba Barthélémy.
A Léopoldville: c’était encore une préparatoire pour l’Université.
Le contingent de Kamponde a rencontré les élèves des collèges similaires de Banza- Boma ( Bas-
Congo ) , de Kiniati ( Bandundu ) , sans oublier ceux de la Fomulac de Kisantu ( Bas-Congo ).
Au total 31 étudiants parmi lesquels Ndele Albert, Mabika Kalanda, Lebughe Pierre,..
Un seul bâtiment ( actuel Home 1 ) bien qu’en construction, pouvait déjà abriter une salle de
classe,un restaurant et des chambres individuelles pour étudiants.
La préparation consistait à renforcer et tester la capacité intellectuelle des étudiants.notamment
en français et mathématiques ….L’enseignement était confié aux pères jésuites du Bas-Congo.
Pour eux, il s’agissait de créer un centre universitaire,une sorte d’enseignement supérieur, mais
pas une université proprement dite.
Il faut noter que c’est la première fois que je portais un pantalon et une cravate. Je me suis regardé
dans un miroir avec curiosité. C’était beau .!
A l’issue de cette année préparatoire, Un conflit opposa les Jésuites à l’Université de Louvain.
Les premiers tenaient à la création d’un simple centre universitaire alors que Louvain insistait pour
la création d’une université digne de ce nom..
Les Jésuites ayant perdu la bataille se sont retires , permettant ainsi la création de l’Universi
Lovanium, dont la direction a été confiée à un jeune prêtre et savant du nom de Gillon.
Après des renvois très discutables et même suspects, les 31 étudiants admis, il n’ en resta que 14 .
Problème: comment ouvrir une université avec 14 étudiant ?! La solution a été trouvée par la
venue des prêtres du Congo et du Rwanda Burundi. Citons parmi eux l’abbé Bakole Martin ( futur
archevêque de Kananga ), l’abbé Karikunzira du Burundi,etc.
Enfin, l’ouverture de l’université a eu lieu en 1954 avec 31 étudiants.
Une sélection a été opérée parmi les 14 rescapés de la pré-université.
Six étudiants jugés meilleurs ont été orientés de facto vers les sciences :
Ilunga Félicien, Kamponde, Province du Kasaï
Tshibamba Marcel, Kisantu, Province du Kasaï
Tshialy Stéphane, Kisantu, Province du Katanga
Posho Joseph, Kisantu, Province-Orientale
Kabamba Nicolas, Kiniati, Province de Léopoldville
Lebughe Pierre Kisantu Province de l’Equateur
Les autres étudiant furent orientés vers les sciences dites humaines ou littéraires:économie,
sciences sociales, littératures, philosophie, administration …
La promotion de Médecins ne fournira que 2 médecins en 1961 : Ilunga Bitokwela et Tshibamba
Marcel.
Le programme de la médecine comprenait deux étapes : 3 ans de candidature en sciences
naturelles et médicales, suivis de 3 années de doctorat et 1 an de stage.comme à Louvain..
L’enseignement était dispensé par des professeurs résidents belges; et des professeurs consultants.