Soyons ambitieux : Risquons le fondamental : le Système de protection sociale !
Les premiers objectifs fixés par l’AFMED ont été atteints. L’association est maintenant bien identifiée et bien connue dans le milieu médical. Et pas seulement. Notre congrès Médecine d’Ici et Médecine d’Ailleurs, débuté en novembre 2012 à l’Hôtel Sultani, s’est imposée comme la rencontre annuelle de référence pour les professionnels de la santé. Si le calendrier national des imprévisibles le permet, il aura lieu, cette année du 13 au 17 novembre, normalement au lieu habituel à l’Hôtel Klempiski du Fleuve Congo. Notre sponsor habituel nous a déjà renouvelé sa confiance pour la réservation.
Notre satisfaction doit cependant toujours être tempérée : le chemin reste long pour pérenniser nos idéaux, il faut continuer à convaincre. Des préoccupations, que les uns et les autres ont relevées ici et là au cours de nos rencontres demeurent, nous ne pouvons pas les citer toutes. L’auto-suffisance financière de l’association reste un problème majeur : elle doit s’appuyer d’abord sur les contributions du grand potentiel de ses membres. Le congrès 2016 a montré un engouement inattendu et une implication significatifs de la jeunesse et des catégories paramédicales, c’est un encouragement fort apporté à l’avenir et au développement de l’association. Néanmoins, il faut, une fois de plus, déplorer le déficit observé dans la participation de nos amis de l’intérieur du pays. Comment peut-on la soutenir et la renforcer ? La forte participation extérieure, que nous avons connue en 2015, a été ralentie par le contexte politique du pays en fin 2016, indépendant de notre volonté. Ensuite, l’auto-finance de l’Afmed souffre du déficit des partenaires extérieurs, notamment des laboratoires pharmaceutiques ; ce déficit empêche de constituer un budget et une réserve financière confortables. Ici, il faut féliciter ici le comité national local qui, en association avec la faculté de médecine et les représentations des professions de la santé, en particulier le Conseil National de l’Ordre des Médecins, ne ménagent pas leurs efforts pour optimiser les contributions des institutions publiques, nationales et provinciales, et des partenaires non institutionnels et privés. Des grandes déceptions, néanmoins, difficiles à contenir, que nous ne pouvons taire : en premier lieu, l’absence de réaction de l’autorité de tutelle aux conclusions des recommandations du IVè congrès incite à rester prudent sur sa réelle volonté de collaboration. Ensuite, un certain mépris, une méfiance peut-être au regard de l’absence de valorisation des immenses efforts fournis par les membres de la diaspora. L’autorité de tutelle doit prendre conscience que, après bientôt 57 ans d’indépendance, toutes les compétences médicales existent intra et extramuros, qu’il faut enfin les utiliser et se débarrasser une fois pour toutes du complexe colonial profondément viscéral dans les mentalités congolaises.
Le VIème congrès aura donc lieu du 13 au 17 novembre 2017. De généraliste, le congrès est devenu, d’année en année, pluridisciplinaire, embrassant les différentes spécialités et donnant à chacune d’entre elles l’occasion de s’exprimer devant un grand nombre de participants. Il s’agit là d’un atout majeur dans l’évolution de notre association, notre but étant d’abord et surtout de fédérer. A ce stade, il devient difficile de choisir chaque année un thème commun et fédérateur qui satisfasse tout le monde. Il est donc plus raisonnable de laisser les membres s’exprimer librement : l’important c’est l’information, la communication et la formation. Le congrès reste un lieu de partage de nos expériences individuelles et collectives, également un lieu de formation et de questionnement de notre société dans le but de mieux soigner le malade et d’améliorer la qualité de la vie du Congolais.
Tous les professionnels clament et réclament les conditions les meilleures pour l’exercice de leur métier. Si les grilles de rémunération, point de fixation pour tous, sont restées inadaptées aux niveaux de la vie et à l’environnement, lorsqu’elles ne sont pas inégalitaires entres les professions de la santé, la réhabilitation des structures sanitaires et leur adaptation aux conditions modernes de l’exercice de la médecine ont suivi le pays dans les profondeurs abyssales. Avec un peu de recul dans le pays, le constat est amer : la situation socio-économique a créé des véritables castes sociales, conséquences, comme me confiait un illustre aîné, d’une vraie administration coloniale. Et c’est devant la maladie qu’apparaissent les inégalités les plus criantes. Certains peuvent se soigner (parfois à quel prix ? parfois avec quels risques ?). D’autres ne le pourront pas. Beaucoup ne viendront tout simplement pas pour des raisons diverses : manque de moyens financiers souvent, difficulté d’accès aux structures… Parmi eux, nombre « se cacheront pour attendre la mort », dans la quiétude (?) du silence, dans l’angoisse et/ou dans la souffrance. Enfin, quelques privilégiés s’en iront à l’étranger… où le miracle ne vient souvent pas. Les incantations chroniques sur les infrastructures nouvelles, sur les réhabilitations hasardeuses des plus anciennes et sur l’arrivée des technologies nouvelles ne peuvent éluder le problème essentiel et fondamental de l’accessibilité des malades aux soins de santé. Elles rentrent plutôt dans la longue liste des chaines des incompétences et de l’absence de prise des décisions des autorités responsables ( ?) et dénotent surtout du manque d’une vision globale de la politique de santé, à quelque niveau que ce soit. Il ne faut pas se cacher derrière les illusions des slogans et de l’ostentation : au Congo, l’insécurité sanitaire constitue un réel danger pour tous. Pour nous tous, même les médecins et les professionnels de la santé. Il faut donc mettre en place un véritable système de protection de la santé du Congolais.
Le système de protection sociale est le premier fondamental de la médecine et de la santé pour tous. Dans notre société savante, il existe un consensus pour en débattre. Il est temps de le faire maintenant, et, au cours du VIè congrès. D’abord définir le système de protection sociale. Dans le verbiage mondain, son concept semble s’être perdu dans les méandres des mutuelles et autres organismes d’assurance. Des initiatives, fort louables certes, qu’il ne faut pourtant pas blâmer ou minimiser, mais qui sont en général profondément corporatistes. Elles excluent le plus grand nombre, les plus démunies et, en dehors de quelques-unes, restent cantonnées aux populations urbaines. Elles ne sont pas non plus dénuées d’un certain « lucratisme » et mercantilisme. L’évocation, lancée quelquefois par-ci et par-là, d’une certaine couverture maladie universelle (CMU) souffre encore d’une vraie définition dans notre pays et garde encore des contours flous. Ensuite il faut explorer et proposer les voies et les moyens de sa mise en place dans la société, même de manière progressive : l’Afmed se doit de relever ce défi.
Pour le reste, le congrès a un cadre et un organigramme prédéfinis. Il appartient au comité scientifique d’étendre les sous-comités aux différentes disciplines médicales et para-médicales qui devront constituer les différentes sessions : celles de la médecine interne et des maladies infectieuses, de la chirurgie, de la gynéco-obstétrique, de la pédiatrie, de l’anesthésie-réanimation, de la neuropsychiatrie, de l’imagerie médicale, des spécialités médico-chirurgicales (ophtalmologie, orl,…), des soins infirmiers devront confirmer leurs activités. Celles de la biologie, la dentisterie, la pharmacie, et la kinésithérapie… devront trouver leur place. Le comité scientifique va proposer un timing pour la collecte des exposés, en accord avec l’agenda proposé par la faculté pour la publication dans les Annales Africaines de Médecine.
Il existe un consensus sur la remise au programme des recommandations sur la réanimation cardio-pulmonaire (RCP) de l’adulte, de l’enfant et du nouveau-né. Une session spéciale lui sera encore consacrée et tout au long du congrès les ateliers pratiques seront organisées. Comme l’année dernière, les ateliers pratiques devront également être délocalisés dans les différentes structures hospitalières de Kinshasa. Enfin, personnellement je propose d’ajouter une session d’exposition permanente multidisciplinaire des posters durant du congrès, une session des Jeunes et également une autre session dédiée à la collecte de produits sanguins labiles, un autre fondamental de l’exercice de notre métier. Quant aux ateliers délocalisés, ils doivent être réorganisés dans différentes structures sanitaires dans le souci de profiter au grand nombre. Il est souhaitable que les différents hôpitaux, qui s’y intéressent, en désignent elles-mêmes les responsables.
Une journée sera consacrée à la soixantième anniversaire de la faculté de médecine de l’Unikin. Elle sera organisée en commun accord avec les autorités tutelles. Tous les congressistes ainsi que les institutionnels devront y prendre part.
Pour le Comité d’Organisation
Jacques Mangalaboyi