Par
Benoît KABENGELE OBEL
Chef des travaux
Thèse soutenue en vue de l’obtention du grade d’Agrégé de l’Enseignement Supérieur en Médecine
Promoteur: Professeur Jean-Marie KA YEMBE NTUMBA
Co-promoteur: Professeur Patrick KAYEMBE KALAMBAYI
Février 2019
RESUME
Contexte
.Avec une prévalence moyenne de plus ou moins 334 millions de personnes, l’asthme est un problème majeur de santé publique. L’urbanisation et l’industrialisation anarchiques dans les pays en développement contribuent à l’augmentation de cette prévalence mondiale. Une meilleure connaissance des déterminants du contrôle suboptimal de l’asthme, notamment les facteurs immuno-biologiques, contribuerait à une réduction sensible de la morbimortalité imputable à cette pathologie. Même dans les pays développés, 40 à 70% des patients ont un asthme insuffisamment contrôlé. A ce sujet, très peu de données sont disponibles en Afrique
subsaharienne.
Objectif
Déterminer le profil épidémio-clinique et biologique de l’asthme à Kinshasa ainsi que les facteurs associés au non contrôle chez l’adulte asthmatique.
Méthodes
Le présent travail est une revue synthétique de deux enquêtes. La première communautaire, a été conduite de février à avril ~016 dans 20 quartiers sélectionnés par un tirage aléatoire simple sur les 350 que compte la ville de Kinshasa. Dans chaque quartier, 20 ménages ont été sélectionnés par un échantillonnage systématique. Au total, 1088 adultes âgés de 18 à 89 ans ont été interviewés. La deuxième, clinique, a été réalisée de juin 2017 à février 2018 au sein d’une population de 216 asthmatiques adultes recrutés consécutivement aux Cliniques Universitaires de Kinshasa ainsi que dans certaines paroisses et églises de réveil de la ville de
Kinshasa. Le caractère asthmatique a été retenu chez toute personne qui déclarait être asthmatique (auto-déclaration), qui prenait des médicaments contre l’asthme, ou encore toute personne reconnue asthmatique par un professionnel de santé. Les paramètres d’intérêt ont été: les caractéristiques démographiques, I’indice de masse corporelle (IMC), la sévérité de l’asthme, le niveau de contrôle de l’asthme, les tests cutanés d’allergie et le taux sérique de la 25 hydroxy-vitamine D(25(OH)D).
Résultats
De la première étude, il s’est dégagé que l’âge moyen des enquêtés a été de 36,7 ans (ET=15,36), 75% vivaient en milieu urbain et 57% étaient des femmes. La prévalence de l’asthme déclaré a été de 6,9% (IC95%: 5,4-8,4). L’asthme intermittent a été retrouvé chez 75,7%des sujets, et il a été sévère chez 9,3%. La notion d’atopie familiale et la présence d’un chat dans la maison sont ressorties comme les principaux facteurs associés à la prévalence de l’asthme dans la ville de Kinshasa.
De la deuxième étude, il s’est dégagé de cette population d’asthmatiques que l’âge moyen a été de 45,23 ans (ET=17,56 ; extrêmes: 18 et 88 ans) et.74% des sujets ont été de sexe féminin. L’interprétation des prick-test a révélé un profil de sensibilisation dominé par la positivité aux antigènes de Blomia tropicalis (72%), de phanères de chat (46%), de phanères de chien (34%), d’Alternaria alternat a (13%) et au jaune d’oeuf (11 %). Le taux sérique de vitamine D a varié de 5 à 42 ng/ml, avec une moyenne de 20,8±6,1 ng/ml. Dix d’entre eux ont eu un taux normal, 2: 30 ng/ml, soit 5%, et 197 sujets ont eu un taux anormal, <30 ng/ml. De ce dernier groupe, 89% ont été en insuffisance, et 6% en carence. L’enquête n’a pas montré de différence quant au taux sérique moyen de vitamine D, en fonction de la durée d’exposition
au soleil (p=0,714) ; tout comme elle n’a révélé aucune corrélation avec le VEMS et l’IMC. La prévalence de l’asthme non contrôlé a été de 56%. En analyse multivariée, le sexe masculin, le bas niveau d’instruction, la sensibilisation à la fois aux phanères de chat et à Blomia tropicalis, le VEMS ~ 80% de la valeur prédite, la déficience en Vit D, les troubles du sommeil et la notion de brûlure à l’estomac étaient significativement associés à l’asthme non contrôlé.
Conclusion
La présente étude montre une prévalence de l’asthme de 6.9%, dans les tendances africaines rapportées. Les principaux déterminants en sont: l’atopie familiale, la présence d’un chat dans la maison et l’âge avancé. Le profil de sensibilisation est dominé par les acariens et les phanères de chats. Plus de trois quart des sujets asthmatiques ont une insuffisance en vitamine D. L’asthme non contrôlé touche un peu plus d’un sujet sur deux. Les facteurs de non contrôle identifiés pourraient servir de cibles pour des stratégies rationnelles de prise en charge dans notre contexte. Des études prospectives à l’échelle nationale sont à envisager afin de mieux
préciser la pertinence des observations rapportées. »
Mots clés: asthme, épidémiologie, vitamine D, non contrôle, déterminants, Kinshasa.