Par : 

ATANTAMA Magloire

  Docteur en Médecine

Mémoire présenté et défendu en vue d’obtention du titre de Spécialiste en Médecine interne.

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Contexte

En République Démocratique du Congo, l’augmentation progressive de la prévalence du diabète sucré occasionnée par la transition épidémiologique, et la prise en charge sous-optimale des patients avec diabète sucré expliquent son lourd fardeau en milieu hospitalier.

Cependant l’ampleur de la dysfonction érectile dans le diabète sucré n’a pas encore été suffisamment évaluée.

Objectif

Evaluer la fréquence et les facteurs associés à la dysfonction érectile dans le diabète sucré en milieu hospitalier de Kinshasa.

Méthodologie

La présente étude a enrôlé une série consécutive de 205 patients diabétiques de sexe masculin, âgés d’au moins 18 ans (âge moyen: 53 ± 11 ans), qui ont consulté dans trois formations médicales de la ville de Kinshasa de Janvier à décembre 2018.

La régression logistique a été utilisée pour rechercher les facteurs associés à la dysfonction érectile. Le seuil de signification a été fixé pour p<0,05.

Résultats

La dysfonction érectile a été observée chez 59% des patients diabétiques.

Dans 68,6%, 25,6% et 7,5% des cas, la dysfonction érectile s’est exprimée, respectivement, sous forme légère, modérée et sévère.

L’âge des patients avec dysfonction érectile était plus élevé que celui des sujets sans dysfonction érectile (55 ± 11 ans vs 51 ± 12 ans, p=0,004) et la fréquence de la dysfonction érectile augmentait avec l’âge, passant de 44,3% chez les sujets âgés de 18 à 29 ans à 71,2% chez les sujets âgés d’au moins 60 ans (p=0,022).

La fréquence de la dysfonction érectile était plus élevée dans le diabète sucré de type 2 que de type 1 (65,1% vs 49,4%; p=0,026) et aussi dans le diabète sucré non contrôlé comparativement au diabète contrôlé (63,7% vs 44,4% ; p=0,016).

Comparativement aux patients sans dysfonction érectile, ceux avec DE montraient une fréquence plus élevée de l’obésité abdominale (57,9% vs 45,7% ; p=0,036), de la maladie rénale chronique (60,3% vs 28,6%; p<0,001) et du syndrome métabolique (52,9% vs 39,3% ; p=0,038).

De plus, ceux avec DE avaient une fréquence plus élevée de la rétinopathie diabétique (69,4% vs 39,3%), de la cardiomyopathie ischémique (5,8% vs 0%) et de l’insuffisance artérioveineuse (62% vs 10,7%) et artérielle (9,9% vs 0%) caverneuses.

Dans une analyse de régression multiple, l’âge (pour l’âge> 50 ans, ORa: 6,94; IC95% : 2,46-19,60 ; p<0,001), l’HTA (ORa : 2,79 ; IC95%: 1,20-6,48 ; P = 0,017), l’obésité abdominale (ORa: 12,11 ; IC95%: 5,24-27,97; p<0,001) et l’HBA 1C >7% (ORa: 9,11 ;IC95%: 3,26-25,46; p<0,001) ont émergé comme déterminants indépendants de la dysfonction érectile.

 

Conclusion: L’ampleur de la dysfonction érectile observée dans le diabète sucré en milieu hospitalier de Kinshasa, exige des mesures de prévention incluant le bon contrôle du diabète sucré et de l’hypertension artérielle et la lutte contre l’obésité, et son dépistage précoce en vue de sa prise en charge.

Mots clés : Dysfonction érectile, diabète sucré, noirs congolais.