Alain Serge MANDOKO NKOLI

Spécialiste en Médecine Tropicale, Maladies Infectieuses et Parasitaires

Option: Parasitologie
Chef de Travaux

Thèse soutenue en vue de l’obtention du Grade d’Agrégé de l’Enseignement Supérieur en Médecine

Promoteur :

Prof Dr Jean-Jacques MUYEMBE TAMFUM

Co-promoteurs:

Prof Dr Dieudonné MUMBA NGOYI
Prof Dr Léon TSHILOLO MUEPU
Prof Dr Daniel PARZY

2019


RÉSUME

La lutte contre le paludisme est soumise à dure épreuve avec l’apparition et de l’expansion de la résistance du P. falciparum aux antipaludiques, au point de remettre en question les schémas thérapeutiques tracés par les programmes de lutte. L’objectif de notre travail a été d’effectuer ‘une évaluation de la résistance de P. falciparum aux antipaludiques, en République Démocratique du Congo avec des stratégies complémentaires aux tests in vivo pour en envisager les implications thérapeutiques en République Démocratique du Congo (RDC).La méthodologie suivante a été utilisée: une enquête transversale et descriptive a été menée dans les postes de vente des antipaludiques de Kinshasa en vue d’estimer la pression de sélection à laquelle est soumis le parasite, une évaluation ex vivo du P. falciparum aux antipaludiques et une autre sur l’analyse des marqueurs moléculaires de la résistance à SP ont été menées dans la province de Kinshasa et celle du Kongo central en utilisant le laboratoire mobile durant les années 2014 et 2015. Les données collectées et analysées nous ont permis de dégager les implications thérapeutiques. Les résultats suivants ont été obtenus sur 404 postes de vente enquêtés: Les antipaludiques présents dans les points de vente sont: CTA 88,1% (356/404), quinine 80,9% (327/404), SP 56,4% (228/404), dérivés d’artemisinine en monothérapie 23% (126/404), médicaments de la médecine traditionnelle 30,2%(122/404), amodiaquine seule 3% (12/404), pipéraquine 1,5% (6/404) et luméfantrine 3,7% (15/404). Les
CTA disponibles sont: AL 93% (331/356), artésunate-sulfamethoxypyrazine-pyriméthamine 62,5% (223/356), DHA-PPQ 29,2% (104/356), ASAQ 10,1% (36/356). La diminution de la sensibilité des isolats de Pfalciparum aux antipaludiques s’est présentée de la manière suivante: CQ (~65,7 %), QN (51,3%), MdAQ (25%), MQ (~45%), DHA (1,3%), PPQ (1,6%), DOX (4,3%) et aucun isolat n’est résistant à la LUM. La prévalence des mutations dans pfdhfr 51 (98,5%), 59 (88,2%) et 108 (99,4%) et dans pfdhps 437 (97,8%) était élevée.
La mutation pfdhps 581G (4,5% en Z014 à 14% en 2015) et la mutation pfdhps 540E (12,1% en 2014 à 17,5% en 2015) se sont accrues dans les sites. Les mutations pfdhfr 164L (0,1%) et pfdhps 6l3S (0,6%) ont été détectées en 2015. L’ensemble de ces travaux confirme la complexité de la circulation inappropriée des antipaludiques sur fond du déficit d’application de la réglementation en la matière agissant sur la dynamique de la résistance. Malgré que
l’une des priorités de la lutte soit basée sur les différents phénomènes impliqués dans la résistance, la surveillance phénotypique et génotypique régulière sur terrain avec un outil de qualité apparaît à ce jour, le meilleur moyen pour adapter au mieux les stratégies de la politique nationale de prise en charge des cas.
Mots clés : Paludisme, résistance, Kinshasa, Kongo Central, République Démocratique du Congo.