CROISSANCE, MATURATION OSSEUSE ET PERFORMANCE PHYSIQUE DES ENFANTS SCOLARIS?S ZAIROIS DE BUNIA AGES DE 6 A 20 ANS.
KATHOLIEKE UNIVERSITEIT LEUVEN (KUL) GROEP BIOMEDISCHE WETENSCHAPPEN INSTITUUT VOOR LICHAMELJIKE OPLEIDING 29 AVRIL 1993 LEUVEN (BELGIUM)
La croissance, la maturation physiologique et la performance physique des enfants scolarisés zaïrois de Bunia ont été examinés dans deux approches transversales entre les années 1984-1989. Ainsi, pour l’étude anthropométrique, 2154 enfants dont 1137 garçons et 1017 filles ont été mesurés. Pour celle relative à la maturation osseuse et à la performance physique, 878 sujets dont 450 garçons et428 filles âgés de 6 à 19 ans ont été examinés.
En ce qui concerne la croissance physique, les différences de sexe pour la taille et le poids sont négligeables avant l’adolescence, quoique les filles sont légèrement plus grandes et plus lourdes que les garçons entre 8 et 15 ans (crossing-over). Elles perdent cette ascendance au moment de l’accélération de croissance prépubertaire des garçons (crossing-back).
Les filles ont les plis cutanés plus épais que les garçons à tous les âges d’observation, comme attendue.
La distribution de la somatotype nous a montré que les filles sont la plupart endomorphes durant toute la période observée. Les garçons tendent vers le mésomorphisme et l’ectomorphisme.
Les enfants Zaïrois de Bunia sont plus petits et plus légers que les afro-américains et les européens de même âge chronologique. En exprimant ces résultats proportionnellement à leur taille selon le modèle de Frisancho (1990), les Zaïrois présentent une masse corporelle similaire aux afro-américains et par conséquent, pas de malnutrition protéino-énergétique marquée.
L’âge osseux estimé à partir de la méthode de Tanner-Whitehouse II (TWII) montre un délai de maturation comparé aux enfants européens ; cependant, l’âge de maturité adulte est le même.
La performance physique des scolarisés Zaïrois de Bunia évaluée à l’aide de la batterie de tests Eurofit (1983) montre des résultats plus ou moins semblables dans les deux sexes et le retard des filles se fait voir à partir de la puberté.
Par rapport aux enfants européens, les Zairois obtiennent des scores plus élevés dans le test d’équilibre flamingo ou flamingo balance. Leur performance pour la frappe de plaques ou plate tapping est similaire.
Pour les tests où la maturation ou la taille corporelle peuvent influencer les résultats, les Zaïrois sont moins forts que les européens de même âge chronologique.
Lorsque nous ajustons ces performances, d’abord à la maturation tardive, et ensuite aux différences de taille corporelle, les scores des filles de Bunia restent plus faibles que leurs homologues belges, quoique la disparité entre les deux populations diminue. Les plus faibles scores des africains dans les épreuves où la force musculaire intervient montrent qu’un manque protéinique durant leur croissance à partir de la naissance ou même avant ne peut être exclu.
En fait, l’attribution de la plus petite taille des enfants africains à la nutrition moins variée et moins abondante n’explique qu’en partie le rythme plus lent de croissance. Une adaptation à l’environnement (climat : température et humidité,…) ne peut être écartée.
En outre, les variations culturelles dans le style de vie peuvent également influencer les différences observées entre les populations étudiées, et ce dans les deux sexes.