EVALUATION DE LA SANTÉ DENTAIRE DES ENFANTS FRÉQUENTANT LES FORMATIONS HOSPITALIÈRES DE KINSHASA, R D CONGO


RESUME

OBJECTIF :

Contribuer à une meilleure connaissance (évaluation) de l’état de santé bucco-dentaire de la population juvenile habitant la ville de Kinshasa en vue d’améliorer la prise en charge des pathologies bucco-dentaires.

MATERIELS ET METHODE

Une étude transversale multicentrique a été menée auprès des enfants âgés de 1 à 17 ans et ayant consulté les services dentaires de cinq hôpitaux publics et privés de la ville de Kinshasa d’avril 2007 à janvier 2008. Pour chaque enfant, en plus de la consultation, un questionnaire ad hoc reprenant les caractéristiques sociodémographiques, les antécédents médicaux, les habitudes alimentaires et d’hygiène bucco-dentaire, le motif de consultation, l’état dentaire, les besoins en traitement et les antécédents dentaires  ainsi que le niveau d’instruction des parents a été administré, après consentement éclairé,  par le parent ou la personne accompagnante. Les données recueillies ont été analysées par les logiciels SPSS (version 18.0) et SAS. Des tests chi-carré et Mantel-Haenszel odd ratio’s (OR) ainsi que des analyses par régressions logistiques univariées et multivariées ont été réalisées sur ces données avec un seuil de signification P<0,05.

RESULTATS

Des 736 enfants sollicités, 710 (96,5%) avaient été  inclus dans l’étude. Les garçons (48,0%) et les filles (52,0%) étaient presqu’équitablement représentés, avec un âge moyen de 9,3 ans (+/- 3,6) (âge médian : 9 ans).
Le principal motif de consultation relevé avait été la pathologie carieuse et/ou ses complications (79,0%) et les visites de routines rares (1,8%). La prévalence de la carie dentaire était de 79,1%, le cao moyen des enfants âgés de 5 ans de 3,23 (ET=2,73) et le CAO moyen  chez ceux âgés de 12 ans de 1,80 (ET=1,71). En denture temporaire, 2,6 extractions et 1,3 obturations étaient indiquées par enfant tandisque 1,6 extractions  et 2,3 obturations  l’étaient en denture permanente. Les habitudes de grignotage étaient notées chez 73,2% (64,8% avec aliments sucrés). Le brossage dentaire n’était assuré qu’une seule fois par jour par 73,5% d’enfants et 74,9% le pratiquaient uniquement au réveil.

Pour les enfants de 5 ans spécialement, Les analyses par régression logistique univariée avaient révélé  que les filles présentaient une faible prévalence à la carie (0R=0,43 avec 95%IC :0,20 ;0,96). La fréquence élevée de consommation de boissons sucrées par jour augmentait la prévalence de la carie (OR=2,47 avec 95%IC :1,05 ;5,85) pendant que les enfants nées des mères aux antécédents buccodentaires avaient moins de chance de développer la carie (OR=0,38 avec 95%IC :0,17 ;0,82). Les analyses multivariées avaient démontré l’existence d’associations significatives ; entre la prévalence de la carie, le sexe (0R=0,40 avec 95%IC ;0,17 ;0,97) et la fréquence de prise de boissons sucrées par jour (OR=3,76 avec 95%IC 1,38 ;1,24). De même, entre la sévérité de la carie, la consommation à la fin de la journée d’un dernier repas sucré (OR=3,39 avec 95%IC ;1,46 ;7,86) et le mode d’allaitement durant les deux premières années de la vie (OR=0,17 avec 95%IC ;0,03 ;0,84). L’étude n’avait établi aucune association entre le niveau d’instruction des parents et la fréquence de brossage chez les enfants (P=0,71 avec les pères et 0,20 avec les mères), de même qu’entre le passé dentaire des parents et l’état de santé dentaire de leurs enfants (OR=0,68 ;95%IC :0,42-1,09 avec les pères et OR=0,74 ;95%IC : 0,46-1,08 avec les mères).

CONCLUSION

Dans la population juvénile de la ville de Kinshasa, la pathologie carieuse présente une prévalence très élevée (79,1%) et constitue un véritable problème de santé publique. Les indices cao et CAO quoique respectivement moyen et bas (3,23 et 1,80) montrent une tendance vers la hausse au cours de ces vingt dernières années. Les besoins en traitement  en matière de santé bucco-dentaire chez les enfants sont immenses et aggravés par des comportements à risque qu’ils adoptent avec des habitudes alimentaires néfastes et une hygiène bucco-dentaire nettement insuffisante. Chez les enfants de 5 ans, il existe des facteurs associés à la prévalence  et à la sévérité de la carie dentaire. Aucune relation entre les statuts bucco-dentaires passé et socioéconomique, le niveau d’instruction des parents et l’état de santé bucco-dentaire et le niveau d’hygiène bucco-dentaire de leurs enfants, n’a pu être établie!
La prévention doit être encouragée auprès des parents et des instances de la médecine scolaire.