K. Kibadi1, F. Portaels2, Y. Pichot3, M. Kapinga1, F. Moutet41
Unité de Chirurgie Plastique Reconstructive et Esthétique, Chirurgie de la Main et
Brûlologie, Cliniques Universitaires de Kinshasa, Université de Kinshasa, République
Démocratique du Congo,
2Département de Sciences Biomédicales, Institut de Médecine
Tropicale, Anvers, Belgique,
3Pôle d’Anesthésie Réanimation, C.H.U. de Grenoble,
Université Joseph-Fourier, France,
4Unité de Chirurgie Plastique de la Main et des Brulés,
C.H.U. de Grenoble, Université Joseph-Fourier, France


RESUME
En République Démocratique du Congo (RDC), une forme particulière de délinquance juvénile et d’insécurité s’intensifie dans la ville de Kinshasa.
Il s’agit du phénomène Kuluna. Les kuluna sont des bandes organisées, munies de machettes et d’autres armes blanches. L’objectif principal de
cette étude est de faire connaître le phénomène Kuluna et de décrire les lésions du membre supérieur occasionnées par les machettes, tout
en insistant sur les spécificités de la prise en charge de ces lésions dans nos milieux. Cette étude rétrospective et descriptive porte sur 14 cas de plaies de la main et de l’avant-bras par arme blanche dues au phénomène Kuluna, à Kinshasa. Elle couvre une période allant du 1er novembre 2010 au 1er novembre2013.
Parmi les 14 patients avec lésions à la main et à l’avant-bras, admis et traités à l’Unité de Chirurgie Plastique Reconstructive et Esthétique, Chirurgie
de la Main et Brûlologie des Cliniques Universitaires de Kinshasa, pour agressions dues au phénomène Kuluna, nous avons 11 hommes et 3 femmes. L’âge moyen est de 33,5 ans (avec des extrêmes de 21 ans et 56 ans). Le membre supérieur droit est plus atteint que le membre supérieur gauche, respectivement 12 patients et 2 patients. Les lésions sont localisées au poignet dans la majorité des cas (10 patients), à la paume de main chez 3 patients et au niveau des doigts chez 1 patient. La face palmaire est plus atteinte (10 cas) que la face dorsale (4 cas). La Zone 5 de la classification internationale des fléchisseurs et la Zone 8 de la classification topographique des extenseurs au niveau de la main sont les sites de prédilection de lésions respectivement pour la face palmaire (6 cas sur 10) et pour la face dorsale (2 cas sur 4). Le nerf médian au niveau du poignet est sectionné dans la moitié des cas. Concernant les lésions osseuses localisées à l’avant-bras, nous observons une fréquence élevée de fracture de l’ulna (62,5 %).

Le traitement commence par la stabilisation des pièces osseuses, de gestes de revascularisation et de sutures nerveuses, puis de sutures
tendineuses et enfin de couverture cutanée. La rééducation est obligatoire, elle encadre les gestes de réparation et elle se poursuit jusqu’à
la récupération de la fonction.
Rev Med Brux 2015 ; 36 : 468-74