Rapport de mission à l’Université de Ghent en Belgique
- Introduction
Par la demande d’ordre de mission n0 0565/2017 de l’Université de Kinshasa et l’autorisation de sortie n0 0723/MINESU/CABMIN/SMM/NC/2017, nous avons réalisé une mission en Belgique du 13 au 19 décembre 2017 pour participer au 11éme symposium (GAPSYM 11) de la plate-forme de l’Université de Ghent chargée de questions de santé de l’Afrique (Ghent Africa Platform, GAP en sigle) et travaillant sous l’approche ‘‘Health in Africa – an interdisciplinary approach’’. Cette mission a été possible grâce à l’appui financier de l’Institut National de Recherche Biomédicale de la République Démocratique du Congo par le Projet Konzo de l’Unité de morbidité complexe.
Le symposium avait lieu le 15 décembre 2017 de 8h30 à 17h30.
Le présent rapport résume le contenu du symposium.
- Contenu résumé du symposium
Le résumé du contenu du symposium prend en compte les exposés et les échanges ayant eu lieu dans la salle et les couloirs.
Après le mot de bienvenue par le Professeur Patrick Van Damme, Président de Ghent Africa Platform, et les leçons introductives au symposium, il y a eu 3 sessions. La première session portait sur les soins de santé en Afrique, contexte et réalité dans le passé et le présent, la deuxième sur les défis de systèmes de santé pour les bailleurs de fond et la troisième sur la malnutrition de l’enfant en Afrique subsaharienne. C’est à cette dernière session qu’il y a eu notre intervention sur le konzo comme une maladie neuro-toxico-nutritionnelle associée à la consommation des produits du manioc amer mal détoxifié, avec risques multiples et cumulatifs en santé neurodéveloppementale en Afrique sub-saharienne. Nous avons présenté le film que notre équipe de recherche a réalisé sur le konzo pour illustrer et compléter notre propos.
De leçons inaugurales, nous avons retenu la problématique de l’africanisation de la science et de la médecine qui se pose depuis plus de 50 ans.
Un constat malheureux, l’incapacité de travailler ensemble pour progresser dans la durée. Le défi à relever concerne encore le renforcement des capacités et le développement d’une science de pointe. La deuxième problématique ayant attiré notre attention était celle de l’importance de la médecine de la famille dans le renforcement de soins de santé primaires selon l’expérience de 20 ans du réseau ‘’Primafamed Network in Africa’’. La filière de formation en médecine de la famille filière n’est pas encore développée chez nous,
Pour la première session, il a été relevé les problèmes liés à l’intervention des hommes en santé maternelle notamment en ce qui concerne les soins prénataux, l’association entre les aspects géopolitiques et biopolitiques dans les appuis à l’Afrique postcoloniale en matière de Santé, notamment en situation de guerre, période post-conflit et pour les problèmes relatifs à l’armée. Ce qui implique des appuis multiformes touchant à la fois santé, architecture, agriculture et à l’armée. Tel est le cas des interventions de l’état d’Israël en Afrique.
Aussi, les aspects socio-culturels et politiques associés à l’infection HIV, malnutrition et santé de la reproduction, par rapport aux intentions des agences du nord ont été discutés. Les attitudes des africains par rapport au rôle de l’homme dans la gestion de la santé du couple et l’homosexualité posent problème face aux normes occidentales.
La deuxième session a montré l’efficacité de la coordination des actions de multiples bailleurs de fond en matière de santé dans un pays en situation de vulnérabilité comme la RDC. Tel est le cas du GIBS ‘’ Groupe interbailleurs Santé ‘’ en RDC. L’approche de l’Union Européenne pour le renforcement des systèmes de Santé comme approche compréhensive, horizontale et de Santé publique, a été présentée. Cette approche est complémentaire à l’approche d’autres bailleurs, basées sur la prise en charge de certaines maladies, approches verticales. Le rôle du Network pour la santé sexuelle et reproductive a été mentionnée pour renforcer les actions en matière de santé maternelle. Par une intervention lors du débat, nous avons relevé l’intérêt à allier santé mentale de la mère et du bébé et santé sexuelle et reproductive. L’existence d’un network dénommé ANSER ou Academic network for sexual and reproductive health and Rights Policy, a été notée.
Pour la troisième session, il a été mentionné, pour combattre les déficiences en micronutriments notamment en fer, iode, zinc, vitamine A et en d’autres vitamines du groupe B, le rôle de la fortification des aliments notamment de la farine. La fortification de la nourriture en micronutriments a déjà montré son importance entre autres dans la réduction de prévalence de l’anémie ferriprive et des anomalies du tube neural dans le développement du système pendant la grossesse. La fortification de la nourriture notamment de la farine relève de la responsabilité des agences gouvernementales de nutrition et des partenaires industrielles de mouture des aliments. En Afrique, le nombre de pays ayant un programme de fortification alimentaire est passé de 4 en 2004 à 26 en 2016, sans la RDC. Il y a lieu de réaliser des études sur les malformations du tube neural en lien avec la sécurité alimentaire ou la déficience en micronutriments.
En outre, le lien entre la sécheresse et la dénutrition chez l’enfant a été mise en relief, plus que le lien avec les conflits armés, tel est le cas en Ethiopie. En ce qui concerne le konzo, la question de la prévention a été discutée. L’intervention Wetting Method a été expliquée. Pour l’éducation de la population, l’idée de produire de petits films vidéo sur les techniques efficaces de détoxification du manioc en langues locales, téléchargeables et visualisables sur de petits téléphones, a été avancée. La consultation du site ‘’Access agriculture’’ a été recommandée pour plus d’information.
Fait à Ghent, le 15 Décembre 2017
Professeur Dr Okitundu Luwa E-Andjafono Daniel
Professeur Associé chargé de la Recherche, Spécialisation et Agrégation au Département de Neurologie, Université de Kinshasa